La prière aux Étoiles – film inachevé (1941)

La Prière aux étoiles est un film français de Marcel Pagnol commencé en 1941 et resté inachevé.

"La prière aux étoiles" film inachevé de Marcel Pagnol. Adapté en bande dessinée en 2022.
"La prière aux étoiles" film inachevé de Marcel Pagnol. Adapté en bande dessinée en 2022.
« Le film perdu de Marcel Pagnol » France 24.

Synopsis

Florence rencontre Pierre à la foire du Trône. Ils se jurent un amour éternel et partent à Cassis sous le soleil du Midi. Cependant la jeune fille a un lourd passé de femme entretenue. Son protecteur, Dominique, a la délicatesse de s’effacer. Mais Pierre, par son intransigeance, est prêt à tout gâcher. Pourtant la douceur et l’amour pour de Florence réussiront à apaiser sa colère.

À Paris, durant l’entre-deux-guerres, Florence est une jeune actrice de cinéma libre et désinvolte. Elle se laisse entretenir sans l’aimer par Dominique, le fils d’un riche industriel lyonnais. Mais quand Florence apprend que Dominique a financé tous les films où elle a obtenu un rôle, elle refuse catégoriquement de l’épouser. Chaque soir, Florence adresse une prière aux étoiles, caressant l’espoir de faire la rencontre amoureuse qui changera le cours de sa vie. Et un beau jour, son chemin croise celui de Pierre, un compositeur de musique désenchanté. Ensemble, les amants fuient la capitale pour vivre leurs amours, cachés à l’hôtel des Calanques, dans le Midi.

Poussé à détruire son œuvre pour résister à la mainmise nazie sur la culture et les médias sous l’Occupation, « La Prière aux étoiles », qui aurait dû être la seconde grande trilogie de Marcel Pagnol, ne vit jamais le jour.

« La Prière aux étoiles » a été adapté en bande dessinée en deux tomes, respectivement édités en 2021 et 2022 dans la collection Grand Angle des éditions Bamboo. Le scénario est écrit par Serge Scotto et Éric Stoffel, et les dessins sont créés par Holgado et Marko.

Extrait

« FLORENCE
Etoiles, je ne suis qu’une fille perdue, puisque je n’aime pas celui qui me nourrit et que j’accepte sa nourriture, et sa parole et sa présence. Il m’a donné mille cadeaux, mais de cet homme qui m’adore, chaque cadeau est une gifle. Etoiles, donnez-moi celui de qui chaque gifle serait un cadeau. Qu’il soit grand ou qu’il soit petit, qu’il soit jeune ou qu’il soit vieux, qu’il soit riche ou qu’il soit pauvre, dites-lui que je l’attends. Et vous savez que je serai ce qu’il faudra.

S’il est malade, je le soignerai ; s’il est faible, je le nourrirai ; s’il est sale, je le laverai. S’il est savant, je lirai tous les livres ; s’il est marin je saurai l’attendre et s’il est roi je serai reine : car je suis comme une eau sur qui rien ne se penche, la source sans image qui attend son reflet. Et je ne vous demande pas d’être adorée.

Etoiles, faites que je l’aime, donnez-lui seulement la patience de supporter mon grand amour : car l’unique et noble richesse ce n’est pas l’amour qu’on inspire, c’est celui qu’on a dans le cœur. Mais dites-lui qu’il vienne vite, parce que je n’ai plus de courage, que le désir d’aimer m’étouffe et que les nuits de mes vingt ans sont si noires de son absence. Il n’est pas venu aujourd’hui.

Portez-lui ce soir le message, et faites qu’il vienne demain.

Voilà ma prière aux étoiles. Elles ne m’ont pas répondu. Et vous, je vous en veux de tout l’amour que vous avez pour moi. Au moins vous savez la douleur d’aimer. Moi je ne sais pas…

DOMINIQUE
Par moment, tu me hais, Florence…

FLORENCE
Peut-être.

DOMINIQUE
Par moment tu me hais, je le sais… Quelquefois, à propos de rien, tu m’as fait peur… Toi qui es dans le fond si bonne et si douce, j ‘ai vu luire parfois dans ton œil un regard de bête fauve…

FLORENCE (Elle est très calme maintenant)
J’ai connu un paysan qui avait élevé un petit renard. Il l’avait nourri au biberon, avec bonté, avec tendresse… et alors, ce renard ne le quittait jamais, et même il dormait sur son lit. Un jour il a voulu en prendre un autre et il a mis un piège. C’était un grand piège avec des mâchoires solides et des dents aiguës qui entraient les unes dans les autres…

Il a bien su le tendre et, un soir, il a pris une belle renarde, une renarde longue et rousse qui rongeait sa cuisse pour se délivrer. Quand il a vu de loin qu’elle était prise, il a été tout fier de son adresse et il est venu en courant. Il savait qu’elle était blessée, mais elle était couchée sur sa blessure et on ne voyait pas le sang.

Elle restait immobile et muette, et toute pleine de son mal.

Il s’est approché d’elle, cet imbécile, et il s’est penché pour lui mettre un collier. Elle l’a mordu à la gorge, il a saigné toute la nuit.

Au matin il est mort sur elle, mais elle était morte sous lui.

Vois-tu, lorsqu’on pose des pièges, on ne prend que des bêtes féroces.

DOMINIQUE
Mais alors, comment faut-il faire, si l’on aime d’amour une bête féroce ?

FLORENCE
Il n’y a pas de bêtes féroces : ce sont les pièges qui les font. »

Fiche technique

Distribution

Bonus

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