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Livre « Manon des sources »

Dès qu’il reçut la grande nouvelle, Attilio n’hésita pas une seconde, et il vint d’Antibes…

Après la mort du Bossu, et la vente des Romarins, Manon et sa mère s'installent dans la grotte de Baptistine.
Après la mort du Bossu, et la vente des Romarins, Manon et sa mère s'installent dans la grotte de Baptistine.

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Présentation

Dès qu’il reçut la grande nouvelle, Attilio n’hésita pas une seconde, et il vint d’Antibes pour diriger en personne les premiers travaux.

Il arriva sur une étincelante bicyclette à pétrole qui tirait des coups de fusil en traînant une longue écharpe de fumée bleue.

Il était grand, large d’épaules, et beau comme un prince romain. Il parlait un patois que l’on ne comprenait pas très bien, et un français convenable, mais qui employait souvent deux adjectifs l’un sur l’autre.

Il se signa devant la source, qu’il regarda longtemps couler, puis il dit : « Elle est belle claire. » Il en but ensuite un gobelet, avec l’attention d’un dégustateur, et déclara : « Elle est bonne fraîche. »

Puis, avec sa montre et un seau, il fit plusieurs expériences, et dit enfin :

« Tu as au moins quarante mètres par jour. Des cubes !… Nous autres, à Antibes, ça nous coûterait trois mille francs par an ! Pour une plantation de deux ouvriers, tu en as trois fois de trop ! »

Ugolin et le Papet se regardaient en riant de plaisir. Puis, ils se promenèrent dans le champ. Ugolin donna un coup de pioche, Attilio écrasa une petite motte dans sa main, la regarda, la flaira.

« Elle est belle grasse, dit-il. Elle fera de grosses fleurs. Mais le premier travail, c’est d’arracher tous ces oliviers.

– Tous ? dit le Papet stupéfait.

– Tous. Ces arbres-là, ça mange tout. Vous pouvez garder les quatre gros, là-bas, devant la maison. Mais les autres, il faut qu’ils y passent. Et puis, ces pinèdes qui descendent, il faut les faire remonter sur le coteau d’au moins trente mètres. Et puis, je m’imagine qu’il doit y avoir des lapins ici ?

– Oui, dit le Papet inquiet. Il y en a pas mal. Cette clôture que tu vois, là, c’est un ancien parc aux lapins… Il y en a deux douzaines qui se sont échappés, et qui ont dû faire ménage avec les sauvages…

– Ô misère, dit Attilio. Il faut prolonger ce grillage tout le tour du champ, le pied enterré à cinquante. Autrement, c’est pas la peine de parler d’œillets. Un lapin, pour un fleuriste, c’est comme un loup pour un berger. S’il en rentre un seul dans la plantation, il se fait un souper de trois cents francs, et il s’en va sans payer !

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