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Événement : la dictée Marcel Pagnol

Dictée Marcel Pagnol
Dictée Marcel Pagnol

La Dictée Marcel Pagnol met au défi les amoureux de grammaire et d’orthographe de commettre le moins de fautes possible sur un texte du célèbre Académicien provençal. Ouverte aux nostalgiques pour qui l’école n’est qu’un lointain souvenir ; à ceux qui au contraire, sont pressés d’en sortir ; ou tout simplement aux amoureux de la littérature et de ses plaisirs, la fameuse dictée revenait pour une 3e édition le 28 septembre 2019, avec Daniel Picouly et Nicolas Pagnol en maîtres de cérémonie quelque peu… sadiques.

Télécharger le texte de la Dictée Marcel Pagnol 2019 (texte ci-dessous)

Le Temps des amours

Le Vieux-Port où débarquèrent vers 600 avant JC des trières chargées d’hoplites et gymnètes n’était rien d’autre qu’une baie minuscule aux côtes accores, qui tenait la mer captive entre deux petites chaînes de collines.

Çà et là se creusaient d’ombreux synclinaux, au bout d’un vallon peu profond. En s’éloignant de l’eau smaragdine aux reflets bleu-vert, bleu clair, voire turquoise, le fond de ce vallon remontait vers la chaîne de hauteurs qui encerclent la ville en une sorte d’empyrée oublié.

À huit cents ou huit cent vingt mètres du Vieux-Port, s’était laissée croître, à flanc de coteau, une alliciante éminence coiffée de quelques buissons qui se sont fait grignoter çà et là par des caprins. Plus loin, on voyait, contre le ciel, chaque année plus coruscante, au bout de la pente, une sorte de bourgade soutenue par une haute muraille que dominaient les frondaisons d’une rangée de platanes.

Il y avait là une « placette » rectangulaire, entourée sur trois côtés de maisons dont plusieurs rez-de-chaussée étaient occupés par d’étiques boutiques.

Tout juste au milieu, sur une stèle moussue, on voyait un gros poisson de pierre que seul un ichtyologue amblyope eût pu confondre avec un tacaud poussif, un chinchard quinteux ou un rouget de l’île de Porquerolles. Sa tête sortait d’un rocher et lançait jour et nuit un jet d’eau limpide, qui retombait gracieusement dans une conque de grès, quelle que fût la direction du vent.

Une rue arrivait par la droite du côté de la place Saint-Michel, traversait la placette au ras des façades, et en sortait par la gauche, pour descendre jusqu’à la rue de la Madeleine qui ne doit rien à Marcel Proust ni à son monument « À la Recherche du temps perdu ».

Doit-on juger que l’autre Marcel, le Pagnol, s’en est allé, lui, à la recherche du temps gagné ? Sans doute, et le nom qu’il lui donne, « Le temps des amours », résonne en nous comme un présent, conjugué au toujours.

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