Boutique Marcel Pagnol

Livre « Confidences »

C’EST à la crise du logement, si cruelle pour tant de Français, que je dois…

Compilation de préfaces écrites par Marcel Pagnol.
Compilation de préfaces écrites par Marcel Pagnol.

Acheter ce produit

Films, bandes dessinées, livres, livres audio, artisanat, tous les produits Marcel pagnol sont disponibles à l'achat en ligne. Pour acheter ce produit, cliquez sur le bouton suivant :

Acheter en ligne

Présentation

C’EST à la crise du logement, si cruelle pour tant de Français, que je dois toute ma carrière.

Le lycée Condorcet, comme chacun sait (comme chacun sait au lycée Condorcet), est le premier lycée de France. Avant la guerre de 14, le rêve des professeurs de province c’était de finir leur carrière dans une chaire de Condorcet.

Après l’armistice, ceux qui méritaient cet honneur le refusèrent à regret, par crainte de coucher sous les ponts de Paris.

C’est ainsi qu’en 1922, malgré mon jeune âge et l’insuffisance de mes titres, je fus nommé professeur adjoint d’anglais dans cette cathédrale de l’Enseignement.

J’y vins d’ailleurs par ordre, car j’avais d’abord refusé de quitter le lycée Saint-Charles, à Marseille.

J’y menais une vie agréable sous le soleil virgilien, mon emploi du temps n’était que peu chargé, et je dirigeais glorieusement une revue littéraire qui est devenue, grâce à Jean Ballard, les Cahiers du Sud. Je composais des poèmes, et je travaillais à des tragédies (en vers, bien entendu) qui mettaient en scène les amours du poète Catulle, ou le séjour d’Ulysse chez le père de Nausicaa.

Paris, que j’imaginais comme une fourmilière sous la pluie, me faisait peur. Les conseils de mes amis, et la paternelle insistance du recteur me décidèrent, et j’arrivai à Condorcet le jour même du grand incendie du Printemps, tandis que l’on pleurait dans les chaumières la défaite de notre Georges Carpentier, battu la veille par Battling Siki.

J’eus la chance de retrouver à Paris Paul Nivoix. Il avait dirigé à Marseille un hebdomadaire de théâtre intitulé Spectator. La ville de Marseille a peu de soucis littéraires, et ses intellectuels ne lisent guère que les journaux de la capitale. C’est pourquoi Spectator fut un jour foudroyé par une thrombose dans sa trésorerie, et Nivoix, « monté » à Paris, était entré à Comœdia en qualité de rédacteur.

Vous aimerez aussi :