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Livre « Le Château de ma mère »

Après l’épopée cynégétique des bartavelles, je fus d’emblée admis au rang des chasseurs, mais en…

Le plus beau livre sur l'amitié enfantine.
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Présentation

Après l’épopée cynégétique des bartavelles, je fus d’emblée admis au rang des chasseurs, mais en qualité de rabatteur, et de chien rapporteur.

Tous les matins, vers quatre heures, mon père ouvrait la porte de ma chambre, et chuchotait : « Veux-tu venir ? »

Ni les ronflements puissants de l’oncle Jules, ni les hurlements du cousin Pierre, qui réclamait son biberon vers les deux heures du matin, n’avaient la force de traverser mon sommeil, mais le chuchotement de mon père me jetait à bas de mon lit.

Je m’habillais dans la nuit en silence, pour ne pas réveiller notre petit Paul, et je descendais à la cuisine, où l’oncle Jules, les yeux bouffis et l’air un peu hagard des grandes personnes qui s’éveillent, faisait chauffer le café pendant que mon père remplissait les carniers et que je garnissais les cartouchières.

Nous sortions sans faire de bruit. L’oncle Jules refermait la porte à double tour, et il allait mettre la clef sur la fenêtre de la cuisine, dont il repoussait les volets.

L’aube était fraîche. Quelques planètes apeurées clignotaient, toutes pâles. Sur les barres du Plan de l’Aigle, le bord de la nuit amincie était brodé de brumes blanches, et dans la pinède du Petit-Œil, une chouette mélancolique faisait ses adieux aux étoiles.

Nous montions, tout le long de l’aurore, jusqu’aux pierres rouges de Redouneou. Mais nous y passions sans bruit, parce que Baptistin, le fils de François, y « faisait le poste » aux ortolans, à grand renfort de vergettes et de glu : il en avait souvent jusque dans les cheveux.

Nous arrivions ensuite, marchant dans l’ombre en file indienne, au « jas de Baptiste ». C’était une antique bergerie où notre ami François dormait quelquefois avec ses chèvres : là, sur la longue plaine qui montait vers le Taoumé, les rayons rouges du soleil nouveau faisaient peu à peu surgir les pins, les cades, les messugues, et comme un navire qui sort de la brume, la haute proue du pic solitaire se dressait soudain devant nous.

Les chasseurs descendaient au vallon : tantôt à gauche, dans les Escaouprès, tantôt à droite, sur La Garette et Passe-Temps.

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